jeudi, août 23, 2012

Growth: Listen to Business!


At a time when the outlook for growth in Europe is becoming bleaker and all eyes are turned towards economic forecasters, those who think to ask businesses what they need in order to develop are few and far between. Nonetheless, we would do well to listen to a baker explain the conditions necessary for the growth of his bakery: first and foremost, he needs customers willing and able to buy his bread, then ingredients (flour, salt, water, etc.) and employees, and finally sufficient freedom to run his business – for example, food standards that allow him to innovate. The needs of a multinational company would scarcely be different: solid demand (consumption, investments, exports, etc.), high-level production factors (human resources, raw materials, infrastructure, etc.) and “growth catalysts” (suitable regulations, public services for quality businesses, etc.).

To accelerate growth, reforms are needed on all of these issues. However, as one plan after another was designed, these reforms seem to have been forgotten, for both good and not-so-good reasons. The good reason is that for the moment the debate has focused on two subjects, financing and currency, which are absolutely critical in the short term. 

As for the bad reasons, the first is a question of choice. Where to begin? What aspect of demand, which factors of production and regulations? For choices of this sort, businesses have well-oiled strategic processes, while states have seen their planning capacity diminish. This has led them to adopt a sequential form of problem management according to urgency, as states are more likely to come to an agreement in such cases. However, this sequential management has its limits: key reforms such as education, the European labor market, innovation, energy transition, etc. take time. They must be undertaken well in advance – in fact, they should already be in place!

The second bad reason for the absence of reforms in the debate is that the financial crisis offers up scapegoats for lackluster European growth. These scapegoats – not all innocent – save us from having to analyze the deep-seated causes behind the problem. Nevertheless, certain causes have to do with the very foundations of the European model for growth: the sectors where competition and the single market exist have been strengthened. This has not been the case, however, for public services, which generally enjoy a monopoly. And yet, this half of the European economy accounts for 50% of GDP and regulates the other half. Naturally, it is not a question of having day-care centers throughout Europe compete against one another; evaluation and comparison of services across the EU should have played this role. However, initiatives of this sort, such as Pisa for education or Shanghai for research, have mostly come from outside the EU; the European growth plan has left out half of GDP! 

As future plans are worked out, states must fulfill their role as “growth catalysts” and accept to evaluate and pilot their services according to the added value they provide for users, citizens and businesses.

Hendrik Bourgeois (Brussels), Vincent Champain (Paris) & Alessandro Coppola (Roma).

Published in Les Echos


mercredi, août 15, 2012

Investissement des entreprises : leçon de gravité du coyote de Tex Avery.

Eurostat vient de publier les comptes des entreprises de la zone euro, et fournit des données très intéressantes sur les profits et les investissements en Europe.

En niveau, d'abord, la France se caractérise par des profits plus faibles, et des investissements également plus faibles en moyenne depuis 10 ans. Ces niveaux doivent cependant être considérés avec prudence, car ils comparent des choses différentes (notamment l'entreprise moyenne en France ou au Royaume-Uni n'est pas la même en termes de secteur ou de taille).


Il est donc plus intéressant d'analyser les évolutions. Ces dernières montrent que les entreprises françaises se caractérisent par une bonne tenue des investissements par rapport à la moyenne.


Cette évolution est-elle liée à celle des profits ? Pour le moment, non : depuis 10 ans, la France est le seul pays dans lequel les entreprises ont augmenté leurs investissements malgré la baisse des profits.



Est-ce durable ? Evidemment non : continuer à investir malgré des profits qui baissent reviendrait à "courir sur l'air", à la façon du coyote de Tex Avery.  Pour soutenir une telle croissance des investissements, il faudrait que les entreprises disposent des marges qui le permettent.

Autrement dit, sauf mesures permettant aux entreprises de ne pas trop dégrader leur taux de marge dans les mois qui viennent, on peut s'attendre à une baisse des investissements des entreprises...















mardi, août 14, 2012

Assurance maladie : pourquoi le risque de segmentation de la clientèle est si fort ?

En matière d'assurance, il y a principalement trois façons de gagner plus d'argent
    a - réduire ses coûts (processus plus efficaces, meilleure utilisation de l'informatique,..) ;
    b - améliorer son offre, en proposant des produits qui offrent plus de valeur, ou répondent à des besoins non couverts ;
    c - segmenter la clientèle en essayant d'attirer les clients présentant le moins de risques d'être malades.

Le graphique suivant, réalisé sur données américaines, montre la puissance du 3e levier...


vendredi, août 10, 2012

Entreprises d’Europe,  cette croissance est la vôtre !

Alors que les perspectives de croissance s’assombrissent et les regards se tournent vers les prévisionnistes, rares sont ceux qui interrogent les entreprises sur ce qu’il leur manque pour se développer. On gagnerait pourtant à écouter un boulanger sur les conditions à sa croissance : d’abord des clients qui peuvent et veulent acheter son pain, ensuite les ingrédients (farine, sel, eau…) et le personnel nécessaire, et enfin une liberté suffisante pour mener son activité – par exemple des normes alimentaires qui le laissent innover. Une multinationale ne demanderait pas autre chose : une demande solide (consommation, investissements, exportations…), des facteurs de production de bon niveau (ressources humaines, matières premières, infrastructures,…) et des « catalyseurs de croissance » (réglementation adaptée, services publics aux entreprises de qualité…).

Sur tous ces éléments, des réformes sont nécessaires pour accélérer notre croissance. Mais elles donnent l’impression d’avoir été oubliées dans les plans successifs, pour de bonnes et de moins bonnes raisons. La bonne raison, c’est que le débat s’est pour le moment focalisé sur deux sujets, le financement et la monnaie, absolument critiques à court terme.

Et les mauvaises raisons ? La première tient à la difficulté du choix : par quelle partie de la demande, des facteurs de production et de la réglementation faut-il commencer ? Pour ce type de choix, les entreprises disposent de processus stratégiques bien rôdés, alors que les Etats ont vu s’affaiblir leurs capacités à planifier, ce qui les pousse à une gestion séquentielle des problèmes en fonction de l’urgence, sur laquelle les pays européens s’accordent plus facilement. Cette séquence présente une limite : les réformes importantes (éducation, marché européen du travail, innovation, transition énergétique,…) prenant du temps, il faut les engager au plus tôt – en fait, il faudrait déjà l’avoir fait !

La deuxième mauvaise raison de l’absence des réformes dans le débat est que la crise financière offre des boucs émissaires, pas tous innocents, à la faible croissance européenne qui nous dispensent d’une analyse de ses causes profondes. Or certaines causes renvoient aux fondements du modèle de croissance européen : la concurrence et le marché unique ont permis de renforcer la productivité des secteurs qui y ont été soumis. Mais ce n’a pas été le cas pour les services publics, généralement en monopole. Or ce dernier pèse en Europe plus de 50% du PIB et régule l’autre moitié. Il ne s’agit évidemment pas de mettre en concurrence les crèches européennes, c’est l’évaluation du service et la comparaison européenne qui auraient dû jouer ce rôle. Mais les initiatives de ce type, Pisa pour l’éducation ou Shanghai pour la recherche, sont surtout venues d’ailleurs : le projet de croissance européen a oublié la moitié du PIB ! Lors des prochains plans, les Etats doivent donc assumer pleinement leur rôle de « catalyseurs de croissance », et accepter d’évaluer et de piloter leurs services en fonction de la valeur ajoutée aux usagers, citoyens ou entreprises.

La dernière mauvaise raison de l’absence du débat sur les réformes tient sans doute aux entreprises elles-mêmes. Confrontées à un contexte difficile, conscientes que seuls les Etats et la banque centrale peuvent stabiliser la situation financière, les entreprises n’ont pas exprimé leur vision de ce qui bloque leur croissance, et des solutions à ces blocages compatibles avec l’intérêt général et l’état des finances publiques. C’est ce silence que nous appelons les entreprises européennes à briser !

(Paru dans Les Echos le 7 aout 2012)